La Course

Après avoir effectué le « tour pour rien » à savoir les 250 mètres autour du plan d’eau de Queige qui permet à chacun de mieux profiter des instants magiques du départ, l’itinéraire vous conduit, via la « Trans-Beaufortaine » au lieu-dit Villarasson, afin d’étirer le peloton et échauffer vos cuisses…

Plus loin, vous retrouvez le sentier de grande randonnée du Tour du Beaufortain, qui vous hisse, en 7 km à Frète basse à 2030 mètres d’altitude ! (21% de moyenne !). Bien souvent étroit, plutôt face à la pente, il traverse des prairies, longe des chalets ancestraux, coupe ou emprunte quelques routes avant de pénétrer dans une belle forêt d’épicéas.

Enfin, c’est aux Chappes, après une petite portion de bitume, que l’UTB rentre dans la zone d’alpage. A vous les grands espaces !

À cet alpage, ce qui émerveille les coureurs, alors que le jour se lève à peine, c’est la proximité d’un gros troupeau de Tarines, à l’heure de la traite. Le tintinnabulement des carrons tranche avec le silence régnant… Vous êtes dans les alpages de Savoie, vous ne rêvez pas !

Le sentier traverse maintenant quelques pelouses parsemées de rhododendrons ou de myrtilliers. Des rochers jouxtent votre chemin et bientôt c’est l’arrivée au Col de la roche Pourrie ou Frète basse, dans le parlé local. La première grimpette est terminée, 1500 mètres de D+ sont derrière vous !

Une bien belle traversée avec de nombreuses portions pour courir jusqu’à l’Aulp de Tours (Aulp = Alpage). Là, sur votre droite se trouve la basse Tarentaise et encore plus à droite, Albertville, la cité Olympique.

À l’horizon c’est le col des Lacs, avec un final un peu escarpé.

Des lacs, ou « mouilles », il y en a de nombreux parmi une pelouse rase et verdoyante. Une belle descente, abrupte sur la fin vous permet d’être presque arrivé au Col de la Bâthie… Que vous n’atteindrez pas… Vous virerez sur la droite par la piste pastorale du chalet de Soufflet, où se tiendra le premier ravitaillement et… la première barrière horaire. Et oui, vous êtes en course !

Puis par une vague trace vous irez plein sud, en légère montée au début puis plus sèche ensuite, pour déboucher 2 km plus loin sur le vieux chemin d’accès à d’anciennes ruines. Vous êtes sur la « friche industrielle » des Ardoisières de Cevins. Remarquez ces « baraquements » construits d’ardoises, qui elles même étaient descendues à dos de mulet et par câbles dans la vallée pour ensuite être expédiées vers leurs destinations finales.

Le chemin repart ensuite plein nord vers les ardoisières de La Bâthie, la commune voisine. La succession de ruines et d’aménagements vous permettent d’imaginer ce que devait-être la vie difficile des centaines d’ouvriers à extraire cette roche des gisements à ciel ouvert.

Enfin, c’est à travers une portion hors-piste puis la petite ascension du col de la Grande Combe que vous quittez la basse Tarentaise, pour entrer sur le domaine skiable d’Arêches-Beaufort.

Du col une petite descente suivie d’une légère remontée sur une piste de ski vous permet d’atteindre le col des Combettes où se situe l’arrivée du télésiège du même nom.

De là, une très belle descente sauvage sur les Lacs Brassa puis étrangement vous côtoyez un hameau de 14 ruines, au milieu de
nulle part ! Là se tenait depuis le 13ème siècle jusqu’en 1670, un complexe minier, cuivre et fer, que des forçats coiffés de bonnets rouges, exploitaient.

Plus loin, la petite gorge d’accès au Lac Tournant
ne vous laisse pas indifférent. Une belle traversée s’ensuit entrecoupée d’un « raidar » avant l’arrivée au col des Bonnets rouges.

Que du bonheur ! Sapineaux, rhodo, airelles seront votre environnement jusqu’aux Grangettes où se trouvent un abri de chasseur, un téléski, une piste 4×4 que vous traversez.

Puis arrive la longue descente, très chaotique, jonchée de racines et de dalles glissantes. Vous n’êtes pas les premiers à l’emprunter : avant vous, et ce n’est pas vieux, les alpagistes descendaient quotidiennement leur lait, à dos de mulet, pour le livrer au fourgon du laitier qui l’emmenait ensuite à la Coop. Et oui, le trail n’existait pas encore, c’était dans les années 80 !

Vous voilà à la passerelle qui enjambe le lac de St Guérin, réalisée en 2011, grâce aux financements d’EDF et de la commune de Beaufort. Votre premier frisson : la beauté du lieu ! Retour à la civilisation, vos premiers supporters sont là !

Une longue ascension se présente : 35 minutes pour la tête de course, plus d’une heure pour les moins rapides. Devant, ils courent ! Derrière, ils marchent et ils peinent ! Cette année, c’est à mi- pente à proximité du Lac des Fées que se situe le ravitaillement jusque-là installé au Cormet d’Arêches. C’est aussi la seconde barrière horaire éliminatoire ! Le terme cormet, signifiant col, n’est utilisé que dans le Beaufortain.

Vous n’êtes pas les premiers à fouler ce lieu : avant vous, Henry IV, alors en guerre contre la Savoie, accède au Cormet accompagné d’une de ses armées. Imaginez toute une armée traversant cette vallée du Beaufortain ! Au final, Henry IV fit demi-tour devant l’arrivée… de la neige !

Vous entrez maintenant en «haute montagne» : non, ce n’est pas la montagne en haute altitude, mais la montagne difficile. Finis les alpages, finies les pelouses dominantes et ses fleurs chatoyantes, à présent c’est un environnement minéral d’altitude : il gèle presque chaque jour de l’année et le moindre nuage, voilant le soleil, vous rappelle le pourquoi du matériel obligatoire.

Après la relative paisible ascension de la Croix du Berger, puis celle du col du Coin, vous voilà dans un monde austère : pierriers, crêtes escarpées, rare végétation vous entourent, en compagnie peut-être d’aigles royaux mais aussi de grésil, de vents tourbillonnants… il ne faut plus traîner ! Toutefois, la beauté du Lac d’Amour saura vous séduire. MAIS c’est là également qu’est installée la troisième barrière horaire éliminatoire.

Arrive la difficile «grimpette» au Col à Tutu (Passeur de la Mintaz sur la mappe Sarde). La Mappe Sarde était un cadastre réalisé en 1730 en Savoie, 130 ans avant l’annexion de cette région à la France ! Là-haut, au col, une équipe de bénévoles festive, mais surtout professionnelle, vous aide à franchir ce passage escarpé en installant une corde fixe pour faciliter la descente. Rien de bien difficile, mais avec la fatigue… Bien entendu, sur votre droite, la Pierra Menta, cette molaire calcaire déposée par Gargantua en personne, ne vous aura pas échappée ! Continuons !

Le refuge de Presset est en ligne de mire. Ouvrez bien vos yeux : de nombreux bouquetins passent leur été ici. Au refuge, complètement rénové en 2013, un ravito salvateur va vous requinquer.

En quittant le refuge, vous longez le lac de Presset sur votre gauche, puis, très vite, vous grimpez pour atteindre le point culminant du parcours : le col du Grand Fond à 2671 mètres ! Là-haut, une vue imprenable sur le Mont Blanc vous attend.

Derrière, la longue descente de la Combe de la Neuva débute généralement par un long névé. Une descente ludique ! Plus loin, sur votre droite, un lac à la température glaciale. Enfin vous atteignez la prise d’eau. Cette eau est acheminée par galerie au lac de Roselend en vallée voisine. Sur votre droite, remarquez le sentier descendant du «Passeur de Pralognan» : l’un des sommets de la célèbre TDS, organisée fin août.

C’est par une longue piste quasi plate que vous atteignez le ravitaillement du Cormet de Roselend où vous retrouvez votre sac d’allégement et certainement vos proches ! En ce lieu, la présence de nombreux motards, cyclistes, touristes et promeneurs vous ramène à la civilisation.

Au départ du ravitaillement, appréciez le bitume que vous foulez en traversant la route : vous n’en reverrez que 39 km plus loin !

Après avoir traversé une zone humide, c’est l’ascension vers le fameux tunnel du Roc du Vent que vous débutez. L’arrivée au tunnel est intrigante : le vide face à vous, une impressionnante falaise surplombe votre droite au bas de laquelle se trouve l’entrée du tunnel, telle une grotte. Ce tunnel, perché au milieu de nulle part, percé dans les années 30, était le projet fou de la future Route des Grandes Alpes, imaginée par le Touring club de France au 19ème siècle !

Attention, il faut baisser la tête car, par endroits, le plafond n’est pas très haut. La frontale est indispensable. Il mesure un peu plus de 100 mètres. À sa sortie, par beau temps, c’est l’émerveillement : un sentier escarpé domine les barrages de Roselend et de la Gittaz. Sortez les appareils photos !

Plus loin, une longue sente, à flanc de montagne, permet de belles foulées. A droite, au fond de la vallée, vous apercevez le hameau de la Gittaz : vous y parviendrez 12 km plus loin.

Auparavant, il vous faut atteindre le col de la Lauze, puis ce sera au tour du col des Sauces, avant de gravir la Crête des Gittes : un sentier panoramique, percé à des fins militaires (l’Italie n’est pas très loin !) pour arriver, enfin, au très fréquenté refuge de la Croix du Bonhomme.

Dans un premier temps, vous êtes étonnés de rencontrer autant de randonneurs : c’est le célèbre Tour du Mont Blanc que vous croisez jusqu’au Col du Bonhomme.

Là, il vous faut obliquer à gauche pour retrouver isolement et tranquillité. Une belle descente vous conduit dans le vallon des Sauces, entouré de hauts sommets et d’une gorge étroite avec son torrent fougueux. Pour le franchir, c’est le pittoresque Chemin du Curé : le chanoine Frison le fit percer à la fin du 19ème siècle… pour accéder à ses alpages situés aux Sauces.

La descente se termine au hameau de la Gittaz où se tiennent ravitaillement et barrière horaire. La nuit est maintenant là, pour les moins rapides.

Dans ce charmant hameau d’altitude, n’oubliez pas d’admirer la chapelle mais également ses chalets ancestraux. C’est par un vieux sentier, longtemps délaissé des topos-guides et remis en activité grâce à la mode du trail, que vous rejoignez une piste pastorale qui vous conduit à la ruine d’Entre deux Nants, dont les pierres en tuf ou cargneule sauront attirer votre attention.

Plus haut, par des sentiers herbeux, vous arrivez au faux col de la Gittaz, où l’itinéraire oblique à 90 degrés sur la gauche, direction le vrai Col de la Gittaz. Pour rejoindre le Lac noir, situé 200 mètres de dénivelé plus bas, il n’y a pas vraiment de sentier: un fléchage indique l’itinéraire le plus probable. Très vite vous rejoignez le lac et son gouffre.

Pour innover, le parcours de l’UTB 2022 va vous conduire au pied des impressionnantes voutes du barrage de la Girotte. Barrage à l’architecture peu commune composée de 18 voutes, côte à côte tels des traileurs sur la ligne de départ. Sachez que ce barrage hydro-électrique a été érigé pendant la seconde guerre mondiale, un important réseau de maquisards y participait, et mis en service en 1946, exploité par EDF. C’est par la rive gauche du lac que vous remonterez au Col du Salestet.

Du col, par quelques lacets très raides, vous atteignez le point de contrôle, proche du lac de Bout de Crêt. Ensuite, plein sud, par un sentier étroit à flanc de montagne, d’abord descendant, vous abordez les pelouses jouxtant un petit chalet de berger. Encore quelques centaines de mètres et la vue plongeante sur le hameau des Villes et le village de Beaufort, 1400 mètres plus bas, devrait vous étonner. Une dernière petite traversée d’éboulis et vous êtes au Pas d’Outray.

Sur votre gauche, vous apercevez le barrage de Roselend, à droite, la station des Saisies et le Mont Bisanne. Les lieux sont ici très sauvages : chamois et coqs de bruyère vous guettent ; voire même un loup !

Le sentier qui descend est d’abord très pierreux. Remarquez les murs de soutènements édifiés de très longue date, pour permettre le passage des troupeaux dans ce désert de pierre. Plus bas, la végétation reprend ses droits : myrtilliers, rhododendrons, aulnes (les arcosses en patois).

Après le contrôle au lieu-dit la Journée et à la suite d’une large piste, vous entrez dans une forêt de conifères que vous dévalez par un sentier forestier, très souple, jonché de mousses et de racines, pour atteindre le virage du réservoir.

Là, à 1250 m d’altitude, vous quittez la piste pour emprunter un vieux sentier «droit dans la pente», pour rejoindre enfin une petite route goudronnée. Vous êtes au Marais. Très vite vous traversez cette route pour rejoindre le Pont du Moulin d’Annuit qui enjambe le Dorinet.

Après quelques centaines de mètres sur un large chemin, c’est par la route communale de Belleville, bordée de chalets plus ou moins vieux, que vous arrivez au village d’Hauteluce. Admirez sa magnifique église au clocher élancé et façade richement peinte.

Dernière longue difficulté… À la sortie du village, un sentier longeant le ruisseau du Chozal et le télésiège éponyme, puis le secteur des Jorêts, vous permet de gravir les 600 mètres de D+ qui vous séparent du sentier balcon du Tour de la Légette. Ce sentier balcon, plutôt roulant, offre un dernier regard sur l’ensemble du Beaufortain. Pour beaucoup d’entre vous, ce devrait être « Beaufortain by night ».

La descente sur la station des Saisies est rapide. Après avoir longé la piste de luge Mountain Twister puis le centre aquasportif le Signal, vous arrivez au dernier ravitaillement et à la dernière barrière horaire.

Vous y êtes presque ! Une petite descente vers le domaine de ski nordique, quelques lacets et c’est la dernière ascension vers le Mont Bisanne à 1941 m. Véritable panorama à 360°, accessible en voiture par vos proches pour les derniers encouragements !

Une dernière petite grimpette vers la Croix de Coste et vous entamez la très longue descente sur Queige, principalement en forêt sur un sentier sinueux et pentu. Pour beaucoup, c’est un véritable calvaire !

Enfin les premiers chalets du Plan des Maisons qui précèdent ceux d’Outrechenais (au delà des chênes). Il ne vous reste alors, que cette petite forêt de chênes à traverser, vous passez devant un oratoire et sa Vierge qui semble vous encourager !

Puis le paysage s’ouvre sur le village que vous abordez par le haut. Vous passez au plus près de certains chalets, très vite vous accédez au passage souterrain permettant une traversée sécurisée de la route RD 925…

Et pour finir cette aventure, vous empruntez la remarquable passerelle couverte… Encore 100 mètres et vous pouvez crier « Je l’ai fait ! »

Bravo ! 114 km et 7200 m de D+ sont derrière vous !