Alors que François Camoin, le président du comité d’organisation, donnait les dernières consignes de course, ce vendredi soir, lors du briefing de veille du départ, des trombes d’eau s’ abattaient sur le grand chapiteau, théâtre des festivités.

Briefing. Fred Gossin
Chacun craignait le pire, autant coté coureurs que contrôleurs, le rêve de passer une belle journée en montagne s’éloignait que du coté de l’équipe d’organisation qui sentait une fête se ternir à cause de cette météo, qui leur avait déjà créé maintes soucis avec les névés persistants…

…au petit matin, c’est une « pluie d’étoile » qui tapissait le ciel, laissant les sombres souvenirs au rayon des mauvais rêves, d’une nuit trop courte!

Depart. Fred Gossin
La fusée d’artifice, qui éclatait à 4h00, au dessus du village de Queige, en pleine nuit paisible, donnait le départ à ces 416 traileurs, venus « faire le Beaufortain ». Peu à peu, cette épreuve s’installe parmi les plus réputées des ultras trails de plus de 100 km français, réputation établie par la qualité de son organisation et non par le volume d’inscription, volontairement limité à 400 participants.

Jamais la densité de possible postulants au « top 10 » n’avait été aussi importante, une quarantaine selon l’organisateur, qui provoqua un départ très rapide, selon les connaisseurs. Tout comme en 2012, le pisteur secouriste et accompagnateur en montagne, du club multisport d’Arêches-Beaufort (CMSAB) et membre du Team les Saisies, Sébastien Gérard, décidait de « démarrer fort ».

Il « avala » les 1500 mètres de dénivelé positif, dont environ 1,5 km de « plat montant » permettant au peloton de s’étirer, en 1h22’ pour atteindre le col de la Roche Pourrie avec le jour naissant.

A l’inverse de 2012, la résistance s’organisait derrière lui, avec 1’20’’ de retard au sommet pour Matthieu Brignon,  Christophe Boebion à 2’30, Stéphane Evêque à 2’40 ; les 10 et 11° , Ludovic Pommeret et Guillaume Lenormand pointaient à 3’40. Pour mémoire, en 2012, à cet endroit,  l’avance de Gérard était déjà de 5 minutes sur le second…

UTB 2013 JP Dugit Pinat (7) Coté féminin, elles n’étaient seulement 35 à s’élancer, ne représentant seulement 8,5% du peloton, en baisse sur 2012.

Les sœurs Padel, prenaient les devant, Valérie l’ainée passant en tête à la Roche Pourrie, 1 minute devant sa sœur Karine, 2’30 devant Zuzana Château, 2’45 devant Martine Léger puis Suzanne Perche à 2’50, Marie Laure Ferrari à 3’10, Jeanne Gaudin à 5’10.

6 km plus loin, au refuge des Arolles, premier ravitaillement, la vétérane 2, Suzanne Perche prenait les devant talonnées par les sœurs Padel puis le duo Ferrari/ Château, suivies de Léger. Elle confortait son avance au contrôle du Cuvy, 45 minutes plus loin.

C’est au contrôle de Plan Marmotte, que Zuzanna Château prenait les devant, après 6h00 de course. Puis elle pointait à la 44° place au refuge de Presset, après de nombreux passages en neige, reléguant Perche à 5’, V.Padel à 29 minutes !

UTB 2013 Jack Jewell (12)

Le cavalier seul de Gérard, n’était pas si évident, derrière lui, le Haut Savoyard Olivier Meynet suivait à moins de 3 minutes, jusqu’à la Brèche de Parozan. « là, dira Meynet, je l’ai perdu de vue, d’un coup ! » effectivement, Gérard, véritable acrobate se jouait des difficultés techniques du parcours et de la descente vertigineuse pour « assommer » ses adversaires.

Peu avant, les dix premiers du classement, s’étaient tous vus, stopper pour contrôle du matériel obligatoire. Meynet, sera lui, contrôlé à plusieurs reprises, car en l’absence de sac, (son matériel noué autour du ventre ou dans ses poches), suscitait interrogations auprès des contrôleurs.

Derrière le duo de tête, au refuge de Presset, suivaient dans l’ordre : Brignon, Evêques, Benoit Thiery, Clément Molliet le fondeur Beaufortain, le Suisse Candide Gabioud, Sébastien Jeu, l’Espagnol Raul Fréchilla (9° à 28’), Emmanuel Denis, Frédéric Jung (11° et premier non montagnard), Guillaume Lenormand, David Gosselin (13° et 1° vétéran1), le jeune Vivien Barthélémy vététiste des Saisies et Stéphane Déperraz complétaient le top 15.

Le 24° coureur, Fred Teyssandier, accusait déjà 1h00 de retard sur l’homme de tête.

UTB 2013 Patrice Marin (42) - Copie

Toujours à Presset (alt 2514 m), peu avant le point culminant, le Col du Grand Fond (2671 m), le 100°,  Karine Matt passait en 8h03, le 200° Thierry Montagny en 9h04’, la 300° Béatrice Gonin et sa fille Héloïse en 10h 06’.

Au col du Joly (71,5 km), Gérard devançait Meynet de 16 minutes et Evêques de 36, Thiery à 57 minutes. Le podium était définitif. Brignon, 5°, allait perdre sa place dans la descente finale, au profit de Gabioud, soutenu par Frechilla. Suivait Emmanuel Denis qui conservera sa 8° place, jusqu’à l’arrivée.

UTB 2013 JP Dugit Pinat (20)

Peu après les Saisies, Gosselin et Lenormand, 9 et 10° allaient « sortir du top 10 », dans la montée de Bisanne, exclus par Patrice Paquier, seul vétéran 1 de ce top 10 et l’espagnol David Coma, qui obtenait là, son meilleur classement.

Remise des prix Hommes

Coté féminin, un duel s’installait entre les deux « Suzanne », chacune prenant le dessus à tour de rôle. Finalement Zuzana cédait face à l’expérimenté Suzanne Perche, qui terminait un peu avant minuit, à la 60° place devançant sa dauphine de 34 minutes. C’est finalement Marie Laure Ferrari qui montait une nouvelle fois sur la 3° marche du podium, pour la 4° fois en 5 participations et autant de fois « finisher », qui lui valait l’attribution de la veste « Ultra Tour du Beaufortain ».

Alors que pour la 5° année consécutive, l’épreuve était remportée par un sociétaire du Club Multisport Arêches-Beaufort, pour la première fois la victoire par équipe lui échappait, au profit des Normands de l’USM Vire. La suprématie montagnarde enfin détrônée!

Cette 5° édition restera marquée dans les annales, par son excellente météo, procurant des panoramas « de rêve »,  seules quelques averses orageuses s’invitèrent en fin de journée sur les secteurs du Bonhomme, Joly et les Saisies.

Les nombreux névés, exceptionnels, rendant pour certain la progression difficile laisseront également de belles images. La relative chaleur en montagne devait elle aussi affecter les organismes.

Cette alchimie et peut être une préparation physique insuffisante, allait engendrer un record d’abandons ou d’éliminations (52%), alors que pour d’autres, leurs temps de course s’améliorait sur 2012 (parcours identique) : en premier lieu, le vainqueur Seb Gérard bouclant avec environ 1 minute d’avance, d’autres avec des progressions avoisinant l’heure !

A l’heure où son écrite ces lignes, le comité d’organisation se sent « protéger des dieux », les orages du lendemain, n’auraient pas donnés la même saveur à l’épreuve…

Voici le classement officiel de l’UTB 2013 : UTB2013 – Classement Officiel