Les berges du Plan d’eau de Queige étaient très animées ce matin du 16 juillet 2011, une effervescence particulière, différente de celle connue les jours de concours de pêche… certes, ce n’étaient ni cris, ni sono hurlante mais plutôt une ambiance lourde entre anxiété, recueillement et impatience…
Impatience d’entendre et voir la fusée d’artifice libératrice, donnant le départ du troisième Ultra Tour du Beaufortain pour 295 traileurs sur les 303 inscrits.
Cette épreuve, qui peu à peu se trace un chemin dans le monde des ultra trails, idéalement placée à quelques semaines du monument qu’est le Tour du Mont Blanc ou ses courses satellites, accueillait un éventail de coureurs susceptibles de l’emporter, mêlant spécialistes de longues distances et déjà lauréats d’autres épreuves de renoms, à d’excellents traileurs, très rapides sur des parcours moins longs, venant découvrir la course en montagne.
A ceux là, les inévitables Beaufortains, tous de fins montagnards au pied sûr, « de vrais chamois », très véloces en montées et habiles en descentes, se déjouant avec aisance du parcours, réputé très technique de cet ultra, venaient défendre « leur Beaufortain ».
C’est tout naturellement, que Thierry Bochet, vétéran 2, déjà victorieux des deux premières éditions, prenait le rôle d’ouvreur, pour gravir les 1550 mètres positifs de l’ascension du Col de la Roche Pourrie.
Au second col, celui des Lacs (alt. 2250 m), 4 Beaufortains et un voisin du Val d’Arly (Romain Marin-Lamellet) menaient, devançant de quelques longueurs les « gars des plaines ».
Après plus de 3h00 de course, au Col des Bonnets Rouges (21° km), ils étaient encore 7 dans la même minute, avec toujours en tête, Thierry Bochet, leur ainé, mais qui se voyait immédiatement dépassé par Patrice Paquier, Patrick Bohard et François Hivert, profitant d’une portion roulante, puis de la descente technique sur le barrage de St Guérin. Leur avance, était portée à 5 minutes à la sortie du contournement du lac, après une belle portion de plat (28° km). Quentin Mercier, en apprenti, lui le benjamin de l’épreuve préférait rester derrière le « maître », peut être par respect, par sagesse certainement.
Coté féminin, les 25 concurrentes promettaient elles aussi, un beau suspense, entre, d’un coté, les Savoyardes Gatine, Vélarde et Ferrari, les « routardes » Auclair, Peuch, Georges et les huit étrangères. Très vite la Montpelliéraine Florence Auclair prenait le commandement, pour passer à la Roche Pourrie avec 5 minutes d’avances sur Marie Laure Ferrari, lauréate 2009 et seconde 2010. plus loin suivaient relativement groupées, Vélarde, Gatine, Peuch, la Suissesse Peterman, Borocco, la vétéran 2 Bernadette Niggel suivi de près par Laurence Georges.
Si Florence Auclair accentuait son avance à 20 minutes à mi-parcours, la seconde place, conquise par la Haut Savoyarde Isabelle Velarde depuis le Col du Coin, était incertaine car talonnée par ML Ferrari. Ce n’est seulement à l’approche de Plan Mya que le podium se dessinait définitivement.
Chez les hommes, le tournant de la course se produisit dans la longue ascension du Cormet d’Arêches. Les qualités de Quentin Mercier, avec ses 120 000 mètres positifs de ski-alpiniste lui permettaient de lâcher Bochet dépasser Bohard, et revenir sur Paquier, pour le dépasser vers la Croix du Berger. Pensait il, à ce moment là, que la victoire lui était promise ? Certainement pas, car son inexpérience en longue distance pouvait lui réserver des surprises.
Derrière, Paquier devançait Bochet, Hivert, Bohard. Au ravito de Plan Mya, 3 des dix premiers abandonnaient, (Bohard, Yannick Blanc et Marin-Lamellet) laissant libre de belles places d’honneurs.
La mi course dépassée, pouvait il y avoir des rebondissements, en tête de course ? Thierry Bochet serait il définitivement écarté du podium ? Lui qui annonça lors de la remise des prix, sa retraite sur des distances aussi longues, car malgré son âge, ce sont les épreuves nerveuses qui le passionnent.
Patrice Paquier, méconnu dans le milieu, malgré des perfs en ultra, reviendrait il sur le Jeune Quentin Mercier? Hormis la présence de Bochet, les vétérans se hisseraient ils dans le top 10?
Chez les féminines, Florence Auclair du team Endurance Shop Montpellier, l’emportait aisément en 17h35, laissant ses poursuivantes à distance : Isabelle Vélarde (18h59’) Marie Laure Ferrari (19h16’) Laurence Georges (19h57’) Karin Petermann (20h43’) et la spécialiste des 24h00, Sylvie Peuch (20h52’). C’est l’Alsacienne, Bernadette Niggel qui s’imposa en vétéran 2 (21h32’).
Hormis Quentin Mercier, vainqueur de son premier trail, un ultra de surcroit, toutes les places d’honneurs allaient être redistribuées, avec notamment des retours à la « Thévenard* »(le vainqueur surprise de la CCC 2010) :
La seconde place pour François Faivre, skieur de fond Jurassien, pointé 17° au km 12 (Col des Lacs), à plus de 8 minutes de la tête, puis 6° au Col du Joly (69° km) à 24’ de la seconde place ! Il devance Patrice Paquier de 2’, victime d’une faute d’inattention lui occasionnant 600 m supplémentaires en milieu de descente finale !
En quatrième position, François Hivert le Beaufortain qui participait pour la première fois à cette épreuve (14h42’), 5° Olivier Meynet (13° au Col des Lacs). 6° et premier vétéran 1, le seul du top 10 à ne pas résider dans un environnement montagnard : Mickael Didé de Vendôme (Loir et Cher) et vice-champion de France vétéran1 de trail courte distance. Ses qualités de « coureur » lui ont très certainement permis de profiter d’un relief « roulant » depuis le Col du Joly, où il était seulement 12° à 34’ du sixième !
7° ex æquo, Thierry Bochet, qui perd plus d’une heure depuis le Col du Joly et surtout 28’ dans la descente finale de 10 km ! A ses cotés, le Suisse, Matthias Lehmann, lui aussi revenant de loin (22° au Col des Lacs) !
En 9° position, le Chambérien, Benjamin David (15h22) laissant son frangin Thomas à la 12° place, juste derrière David Laget, revenant de blessure.
Le plus prudent de ce top 10, est certainement Alexandre Hayetine (St Gervais), après sa quatrième place 15 jours plus tôt, sur une épreuve similaire de 100 km, n’était pointé seulement 46° au sommet de la première difficulté, après 1h45 de course ! Progressivement il grignotait des places pour atteindre le 8° rang entre Plan Jovet et le Col du Joly (69° km), avant de conserver son rang dans les dix premiers.
Chez les vétérans 3, la plus haute marche du podium revient à Jean Louis Rol (Albertville), 95° au général (20h57’), devant le Corse Jean Ceccaldi et l’autre Albertvillois Henri Jusic(25h51’). Il est à noter l’excellente performance du seul vétéran 4, le Bourguignon Yves Meurgey, 150° en 23h23’ qui améliore largement sa performance de 2010 ( 1h52’) !
Coté météo, si la course s’est déroulée au sec, malgré quelques petites averses en fin de course, le dimanche, jour de la remise des prix, des trombes d’eau se sont déversées sur le Beaufortain, rappelant certainement aux organisateurs l’édition 2009…
Déjà, les regards se tournent vers 2012 et la 4° édition de cet Ultra Tour…Verra t’on enfin, la victoire échapper aux chamois Beaufortains ? Ou la performance de Quentin Mercier donnera t’elle des idées à ses amis montagnards ? rendez vous le 21 juillet 2012.
205 des 303 inscrits bouclent cet Ultra Tour sous un ciel très ensoleillé et de rares
averses en fin d’épreuve.